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Plaidoyer pour Eros, de Siri Hustvedt

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quand j’écris un roman, je quitte mon corps réel et je deviens une autre personne, femme ou homme, à mon gré. Pour moi, la création artistique est une forme de rêve conscient.

Je crois que je suis en train de faire une fixation sur le couple Auster/Hustvedt, passant avec délices de l’un à l’autre. Siri Hustvedt, je l’ai découverte il y a deux ans (j’avais écrit "l’année dernière" avant d’aller vérifier l’article : que le temps passe vite !) avec Un été sans les hommes avant de poursuivre avec Tout ce que j’aimaisLes deux m’avaient conquise, en raison notamment de leur richesse réflexive et de leur forte intertextualité. Aussi lorsqu’au salon du livre j’ai remarqué ce recueil d’articles, je n’ai pas hésité (de toute façon, il fallait que je passe à la caisse, ayant déjà deux ouvrages Actes Sud en main, donc au point où j’en étais…)

Il s’agit d’une série d’essais, de longueur variable, où l’auteur interroge son rapport à la littérature (en tant que lectrice et en tant qu’écrivain) et sa vie de femme.

Mais le dire comme ça ne rend pas justice à l’immense richesse de cet ouvrage, qui est à la fois très personnel et en ce sens peut se classer dans les textes autobiographiques, et universel : Siri Hustvedt pense à partir d’elle-même, et ce de manière brillante. Il serait difficile de lister les thèmes qu’elle aborde ici, tant ils sont nombreux, et ce même si le recueil a pourtant une grande cohérence. Tout avec elle peut mener à une réflexion profonde : sa place entre deux cultures et deux langues (l’Amérique et la Norvège), l’érotisme, l’amour, le désir, le corps, la frontière qui sépare le masculin et le féminin, la construction de soi. A l’occasion elle se livre aussi à de très fines et stimulantes analyses littéraires, mais va au-delà de la simple critique car pour elle, la littérature permet avant tout d’interroger le monde : la conscience d’être amoureux avec Gatsbyou le corps avec Dickens (auquel elle a consacré sa thèse). Bien sûr, ce qui m’a le plus intéressée dans ces essais, c’est lorsqu’elle parle de son rapport à l’écriture, car elle le fait de manière lumineuse. J’aime aussi lorsqu’elle parle de Paul Auster et qu’elle dit "mon mari", c’est un peu idiot dit comme ça mais on sent entre eux, en plus d’un amour immense, une connivence qui permet l’émulation, et une admiration mutuelle. Avec, en commun, cet amour absolu pour New-York. D’ailleurs, à propos de la ville, un des articles est consacré au 11/09 et il est absolument bouleversant, tout comme l’est, mais dans un autre genre, le dernier texte, "Extraits d’une histoire du moi blessé".

Bref, ce petit recueil est une absolue merveille, qu’il faut lire tant il nourrit la réflexion sur de nombreux sujets !

Plaidoyer pour Eros
Siri HUSTVEDT
Actes Sud, 2009


Classé dans:Elle lit... des essais, Elle lit... des textes biographiques et autobiographiques Tagged: amour, écriture, corps, coup de coeur, femme, Hustvedt, lecture, littérature

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